Physiquement, l'Immortel n'a rien à envier à qui que ce soit et pourtant il ne peut s'empêcher de jalouser la jeunesse de ses élèves. Véritablement obsédé par la beauté, il n'a qu'une seule peur : vieillir, c'est pourquoi il n'a pas hésité à vendre la plupart de ses biens à un homme mystérieux dont il ne connaissait rien, afin d'acquérir une fiole renfermant apparemment les secrets de l'éternité. C'est ainsi qu'Aristide devint Immortel, il y a de cela 215 ans. Bien que son visage soit figé dans une beauté dont il ne sait se lasser, Aristide ne peut s'empêcher de désirer toujours plus et très rapidement, il s'est mis à envier ceux qui étaient plus jeunes et plus beaux que lui. Au fil des années, cette jalousie n'a fait que s'accroitre, aussi cet homme a bien vite éprouvé le besoin de réduire à néant ceux qu'il jugeait comme étant trop beaux, ou susceptibles de lui faire concurrence ; nul besoin de les tuer cependant, les dévisager, les rendre monstrueux : telle était sa préoccupation première. Une préoccupation dont il tirait d'ailleurs une joie infinie.
Manipulateur hors pair et fin stratège, cet homme parvint à abîmer d'innombrables visages sans qu'il ne soit jamais arrêté : qu'il se montre discret dans ses méfaits, ou qu'il privilégie la fuite le moment venu, parcourant ainsi de nombreuses contrées.
Il y a de cela cinq ans environ, cet homme est arrivé en Irlande, à Dublin très exactement, et c'est à l'occasion d'une visite qu'il remarqua l'Académie. L'Académie, et tous les élèves qui allaient et venaient entre ses murs. Bien vite, la jalousie obsessionnelle d'Aristide refit surface et il se servit de ses connaissances en Art - nombreuses, et plus particulièrement axées sur les portraits : quoi de mieux pour figer un visage pour l'éternité, après tout ? - pour devenir professeur et rejoindre les lieux. Voir tous ces visages juvéniles défiler sous ses yeux chaque jour est une douce torture pour lui, combien de temps encore pourra-t-il résister sans succomber à ses vices ?