-Ca fait mal quand je frappe là?
-Non.

La prison, c'est un mot vaste qui veut tout dire. C'est un mot qui prend plusieurs formes. Cela peut-être quatre murs, une cage, l'esprit, des menottes, la mienne est un véhicule peu commun. On y rentre pour diverse raison. Meurtre, vol, enlèvement, erreur de justice, folie, on s'y fait enfermer espérant que nos proches payeront la rançon exigée par les ravisseurs. Moi, j'y suis rentré pour avoir participé à une fusillade. Les gardiens, il y en a tant: policiers, pirates, terroristes, ravisseurs. Mon gardien, c'est ma paraplégie.

-Tu me donnes combien?
-Bah, douze ans. 

Non seulement être assis dans un fauteuil roulant me donne l'air petit, mais j'ai une taille assez réduite. Haut de mon mètre soixante-sept, je ne dépasse largement pas la moyenne.
Autre facteur de ma jeunesse apparente, mon visage est celui d'un gamin de 12ans. Peau pâle, cheveux bruns, mi-longs, cachant à moitié mes oreilles, je ne les coiffe jamais, je dirais même, je les décoiffe. Le peigne est l'ennemi numéro 1 de ma chevelure "rebelle". Un nez "parfait" d'après ma mère et une fine bouche viennent compléter les traits fins de mon visage. Mes yeux sont plutôt spéciaux. Je dis ça, c'est peut-être à cause de l'influence des commentaires "alakon" que l'on m'a faits tels que "Wha isson tro d4rk t'ai nœils" Ils sont justes d'un brun inhabituel, légèrement rougeâtre.
Paraplégie oblige, j'ai les bras un peu plus musclé que la moyenne, vu que je les utilise autant que les jambes et les bras réunis de la plupart des gens.

Il paraît que j'ai l'air fatigué, c'est normal, je ne dors que très peu, je ne suis pas insomniaque, je n'ai juste pas l'habitude de me coucher tôt, et le matin, avec les cours... Zombie face! Des cernes énormes autour des yeux qui resteront mi-clos pour la moitié de la journée, un teint à faire pâlir un fantôme, une "démarche", si on peut appeler ça une démarche, lente et endormante. J'ai toujours l'air brimé, ennuyé, un air de lassitude flottant par dessus mon masque de fatigue, un fameux coktail.

-Je peux t'aider?
-Me quoi?! Tu aides un ado de seize ans à s'habiller toi?
-Mais.. Tu es...

Je suis un véritable tas d'orgueil, complexé par l'aide que l'on me propose sans cesse, je le clame haut et fort que je suis normal, que je peux me débrouiller seul, que je suis en pleine possession de mes capacités, rien à faire, l'aide proposée ne semble pas diminuer. Je préférerais passer trois heures à faire quelque chose qui aurait pris  trois secondes à n'importe qui, qu'accepter ou demander de l'aide. Le regard de pitié qu'ont les gens envers moi m'énerve au plus haut point. Partout on me montre du doigt, on chuchote à mon passage, je suis comme un alien, un étranger dont on a peur. Qu'est-ce j'ai fait pour être ainsi mis en avant? Me prendre une balle perdue, c'est tout. Un simple bout de fonte qui m'a transformé en bête de foire.

Mon comportement antipathique envers tous ces pseudo-bons Samaritains m'a renfermé sur moi-même, je ne parle que très peu et ne suis pas prêt à faire ami-ami avec le premier venu. Je m'énerve facilement, mais ne le montre pas, c'est paraît-il un acte de faiblesse. Je suis chrétien catholique romain, croyant et pratiquant, mais bizarrement je suis pire que St-Thomas. Tout ce qui sort légèrement de l'ordinaire est banni de mes pensées si je n'ai pas la preuve formelle de son existence, et encore...
D'un naturel plutôt courageux je n'ai, à ma connaissance, peur que de deux choses: des serpents et de l'orage dont j'en ai la phobie. 
Je suis surdoué, beaucoup de gens pensent que surdoué est synonyme de super intelligent, mais non, un surdoué réflechit juste d'une autre manière, voit le monde sous un autre angle, il a été prouvé que la moitié des échecs scolaires au collège et au lycée sont ceux de surdoués. Je ne me distingue surtout en tant que surdoué par ma logique à faire pleurer un chat, je n'ai à ce jour, croisé personne qui la comprenne ou l'approuve, mais bon je me comprends c'est le nécessaire.